Profil d’un partenaire de l’AGR – Sonia Paradis, Donati Maisonneuve
Si Sonia Paradis vous a paru distraite ce 14 février, ce n’était pas parce qu’elle attendait des fleurs ou la traditionnelle boîte de chocolat de la St-Valentin, mais bien parce qu’elle venait tout juste d’apprendre que sa fille, Frédérique Turgeon, a été choisie pour faire partie de l’équipe paralympique canadienne de ski alpin. Au mois de mars, Sonia s’envolera donc pour la Corée du Sud afin d’encourager sa fille qui représentera le Canada aux Jeux paralympiques de PyeongChang.
Quand Frédérique a-t-elle commencé à skier?
Nous sommes tous des skieurs dans la famille. Lorsque Frédérique est née avec une jambe plus courte que l’autre de 50 %, ce qui m’est d’abord venu à l’esprit c’est qu’elle ne pourrait jamais faire de ski et que nos week-ends sur les pentes étaient définitivement terminés. C’était avant que je ne me rende compte que Frédérique était une battante et qu’elle était très athlétique.
Bébé, elle restait avec nous pendant que sa grande sœur Raphaëlle suivait des leçons de ski. Nous l’installions dans un genre de porte-bébé dorsal et nous l’emmenions skier avec nous (c’était permis à l’époque…).
Lorsqu’elle a eu trois ans, elle a suivi sa première leçon de ski avec un moniteur privé. Elle skiait alors avec sa prothèse. Ça s’est très bien passé, et la première chose que nous avons sue, c’est qu’elle avait rejoint les autres enfants pour les leçons de groupe.
À 9 ans, sa sœur Raphaëlle a été admise au club de compétition de ski alpin. Frédérique voulait y aller aussi, et nous avons demandé aux responsables si elle pouvait essayer. Il a fallu attendre deux saisons de ski avant que le club ne décide de l’accepter.
Enfin, à l’âge de 11 ans, elle a été remarquée par Canada Alpin et elle a été invitée à participer aux Jeux para canadiens, où elle est arrivée quatrième en slalom. Quatre ans plus tard, aux Jeux para canadiens suivants, elle a remporté l’or. Elle a ensuite été invitée à faire partie de l’équipe de développement de Canada Alpin.
Quels sacrifices son entraînement exigeait-il?
Au début, Frédérique participait à des compétitions pour le plaisir. C’était bon pour sa confiance en elle de voir qu’elle était capable de suivre les enfants de son âge, mais c’était surtout simplement pour s’amuser. Pour nous, les parents, cela impliquait des heures et des heures de travail bénévole, mais nous avions aussi beaucoup de plaisir à le faire. Nous adorions cela. En fait, Raphaëlle a également suivi cette voie et elle est entraîneuse aujourd’hui.
Ces trois dernières années, l’entraînement de Frédérique est devenu beaucoup plus sérieux. Sa saison de ski débute en septembre, elle doit voyager un peu partout dans le monde, et on ne la voit pas beaucoup. Elle étudie aussi à distance, ce qui constitue toujours un défi. Bien sûr, elle s’ennuie de sa famille et de ses ami(e)s, et elle aimerait bien aller à l’école comme les jeunes de son âge.
Comment avez-vous appris qu’elle allait faire partie de l’équipe paralympique?
Frédérique avait été invitée par Canada Alpin à faire partie de l’équipe pour la finale de la Coupe du monde l’an dernier à PyeongChang. C’était déjà un signe assez évident qu’elle était sur la bonne voie pour participer aux Jeux paralympiques cette année. Cela dit, elle devait passer l’étape des qualifications, ce qu’elle a fait avec brio en remportant la quatrième place en slalom à Zagreb, en janvier dernier. Nous avons appris qu’elle allait retourner à PyeongChang pour les Jeux paralympiques, le 14 février dernier, par Facetime. Bien entendu, nous nous sommes tous mis à pleurer de joie; nous étions sans voix.
Quelles leçons de vie croyez-vous avoir réussi à donner à Frédérique?
Pour ma part, je suis très forte et très compétitive et je crois que c’est ce que j’ai légué à Frédérique. Je ne l’ai jamais laissée gagner, même lorsque nous jouions à des jeux de société comme « Sorry », et je ne l’ai jamais laissée me dépasser en ski… mais bon, ce temps-là est fini bien sûr. Elle est beaucoup plus habile que moi en ski maintenant, même si elle a commencé à skier sur une jambe il y a seulement quatre ans.
Aussi, avant qu’elle ne commence l’école, je lui ai appris à toujours entrer dans une pièce avec un large sourire; je lui ai fait comprendre que, si elle souriait, les autres enfants ne s’attarderaient pas à sa différence. Elle mentionne souvent qu’elle applique encore mon conseil lorsqu’elle rencontre de nouvelles personnes.
Et quelles leçons de vie votre fille vous a-t-elle données, à vous et aux autres?
Mon Dieu! Il y en a tant. Elle impressionne tout le monde par la manière dont elle vit avec son handicap. C’est une jeune fille heureuse, qui ne se plaint jamais, ce qui est exceptionnel. Et nous lui disons souvent qu’elle réagit beaucoup mieux que nous ne le ferions dans sa situation.
Bien sûr, ce qui est le plus important au sein de notre famille, c’est la santé. À sa naissance, j’aurais donné tout ce que je possédais : mes biens, mon emploi, ABSOLUMENT TOUT, pour avoir un bébé sans handicap. Aujourd’hui, je crois pouvoir dire en toute honnêteté que j’aurais dix enfants comme Frédérique sans que cela m’attriste le moins du monde.
À quelles compétitions Frédérique participera‑t‑elle?
Frédérique prendra part à toutes les compétitions de ski alpin – la descente, le Super G, le Slalom géant, le Slalom et le Super combiné (Slalom et Super G).
Sonia Paradis est associée au sein du groupe de défense en matière d’assurance du cabinet Donati Maisonneuve à Montréal.

